Retrait ou nantissement du 2e pilier pour acheter un bien immobilier en Suisse : que choisir ?

 

Lors d’un achat immobilier en Suisse, beaucoup d’acheteurs doivent compléter leur apport personnel pour respecter les exigences des banques. Rappelons que, comme évoqué au travers d’autres articles, 10% minimum doivent provenir de vos liquidités propres, de vos titres, de votre 3e pilier ou par le biais d’une donation. Quant au reste, il peut être apporté par le 2e pilier, soit la prévoyance professionnelle (LPP).

Deux solutions sont possibles : le retrait anticipé ou le nantissement
Mais attention : Ces deux options ont des impacts très différents, tant sur votre financement que sur votre future retraite. Voici un tour d’horizon clair et structuré des avantages et inconvénients de chaque approche. 

 

Le cadre légal en bref

En Suisse, la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP) permet d’utiliser les avoirs du 2e pilier pour financer l’achat d’un bien immobilier destiné à l’usage personnel, soit dans le cadre d’une résidence principale. Cela peut se faire :

> soit par un retrait anticipé, avec transfert effectif des fonds,
> soit par un nantissement, où les fonds restent sur votre compte de prévoyance, mais sont mis en garantie.

 

 

1. Retrait anticipé du 2e pilier : plus de liquidités, moins de retraite

 

Avantages

> Augmente l’apport propre : vous disposez de liquidités supplémentaires pour compléter les 20 % requis par la banque.
> Réduction du montant à emprunter : cela peut diminuer vos intérêts hypothécaires à long terme.
> Accès facilité à la propriété : pour de nombreux jeunes acheteurs, c’est parfois la seule solution.

 

Inconvénients

> Réduction des prestations de retraite : les montants retirés ne produisent plus d’intérêts et entraînent une diminution des rentes et des capitaux à la retraite.
> Moins de couverture en cas de décès ou d’invalidité : les risques assurés peuvent être affaiblis (à vérifier si votre caisse de pension est en primauté de prestation ou primauté de cotisation pour la partie risque)
> Obligation de rembourser en cas de vente du bien (si non remboursé entre-temps).
> Fiscalité : le retrait est imposé, même à taux réduit.
> Retrait minimum : le retrait minimum doit s’élever à CHF 20’000.-
> Rachat LPP : le montant retiré doit d’abord être remboursé avant de pouvoir commencer à effectuer des rachats déductibles fiscalement.

 

 

2. Nantissement du 2e pilier : flexibilité et sécurité pour la retraite

 

Avantages

> Pas de réduction de prestations de retraite : vos avoirs pour la retraite continuent à croître.
> Couverture en cas de décès ou d’invalidité intactes
> Pas d’imposition immédiate : contrairement au retrait.
> Rachat LPP : des rachats au sein de votre caisse de pension peuvent être effectués et ainsi faire baisser vos impôts tout en augmentant votre capital retraite.

 

Inconvénients

> Montant du prêt plus élevé : votre apport personnel est plus faible et votre dette est donc plus importante.
> Charge hypothécaire plus lourde : intérêts hypothécaires sont plus importants sur le long terme.
> Exigences plus strictes : les banques peuvent refuser si votre budget est trop serré ou que si vos revenus sont insuffisants. Aussi, certaines banques ne permettent pas la mise en gage des avoirs LPP.
> Amortissement : le montant d’amortissement demandé par la banque sera plus élevé, créant ainsi un coût supplémentaire.

 

 

Tableau comparatif

Critère Retrait anticipé Nantissement
Liquidités immédiates ✅ Oui ❌ Non
Réduction du capital retraite ❌ Oui ✅ Non
Fiscalité immédiate ❌ Imposition sur le retrait ✅ Aucune imposition
Intérêts hypothécaires ✅ Moins élevés ❌ Plus élevés
Prestations en cas de décès/invalidité ❌ Réduites (à vérifier) ✅ Maintenues
Amortissement de la dette hypothécaire ✅ Moins élevé ❌ Plus élevé
Rachat LPP ❌ Non (après remboursement) ✅ Oui

 

En résumé

Le choix entre retrait et nantissement n’est pas uniquement une décision financière : c’est un choix de stratégie de vie. Il influence votre confort de remboursement aujourd’hui, mais surtout votre qualité de vie à la retraite. Un bilan personnalisé, accompagné d’un conseiller financier indépendant est vivement recommandé.