Amortissement indirect hypothécaire : une question de rendement et de stratégie

En Suisse, lorsqu’on finance l’achat d’un bien immobilier à l’aide d’une hypothèque, la loi impose une règle : il faut ramener sa dette hypothécaire à deux tiers de la valeur du bien en l’espace de 15 ans. Pour ce faire, on peut choisir entre deux méthodes : directe ou indirecte. Ici, je me concentre uniquement sur l’amortissement indirect, et surtout, pourquoi il peut représenter une stratégie financièrement intéressante à condition de bien comprendre la logique du rendement vs le coût du crédit. Si vous souhaitez connaître les avantages et les inconvénients de l’amortissement indirect, je vous invite à cliquez ici
 

Pourquoi ne pas rembourser tout de suite ? La logique du coût d’opportunité

Voici l’idée principale : chaque franc que vous décidez de ne pas utiliser pour rembourser votre hypothèque peut être placé ailleurs, dans un produit qui génère un rendement.

Ce principe repose sur une notion économique simple mais puissante : le coût d’opportunité. En d’autres termes, si vous choisissez de ne pas amortir votre dette tout de suite, c’est parce que vous pensez pouvoir faire mieux ailleurs avec cet argent.

Prenons un exemple concret :

> Vous avez une hypothèque avec un taux d’intérêt de 1,5 %.
> Vous décidez d’amortir indirectement en versant des montants sur un pilier 3a en fonds (plutôt qu’un compte 3a épargne traditionnel).
> Ce pilier 3a en fonds génère, à long terme, un rendement moyen de 3,5 % par an.
➡ Votre coût d’emprunt est de 1,5 %, mais vous obtenez 3,5 % sur l’argent placé.

Résultat : vous sortez gagnant, car le rendement du placement est supérieur au coût de votre dette. Sur le long terme, cette stratégie peut permettre une accumulation de capital plus efficace que si vous aviez simplement réduit votre dette immédiatement.
 

Les conditions pour que ça fonctionne

Cette logique tient à condition que le rendement du placement reste durablement supérieur au taux hypothécaire. Ce n’est pas garanti — les marchés financiers comportent des risques — mais historiquement, sur le long terme, les placements diversifiés ont souvent battu les taux hypothécaires suisses, généralement bas.

Un outil de planification patrimoniale

L’amortissement indirect est donc plus qu’un mécanisme technique : c’est un outil stratégique, qui permet d’intégrer votre hypothèque dans une vision plus large de votre patrimoine. Il vous oblige à penser en investisseur : « où mon argent est-il le mieux utilisé aujourd’hui pour servir mes objectifs de demain ? »

En résumé

Opter pour l’amortissement indirect, c’est faire le pari que l’argent que vous n’utilisez pas pour rembourser tout de suite votre dette travaillera mieux ailleurs. Cette approche s’inscrit dans une logique de coût d’opportunité et peut être particulièrement pertinente dans un environnement de taux bas comme c’est le cas en Suisse depuis de nombreuses années.